L’espace… Un business comme les autres ?

Un évident regain d’intérêt pour l’exploration de l’espace combiné à une baisse des coûts et d’importants progrès technologiques semblent être les fers de lance de cet engagement nouveau.

Des entreprises telles que SpaceX, Blue Origin ou encore Virgin y voient principalement la perspective d’importants profits, bien que l’intérêt scientifique soit également mis en exergue par ces firmes. 

Ces signaux positifs n’ont pas tardé à susciter l’enthousiasme des investisseurs. Ainsi, d’après une étude de Bryce Space and Technology (une entreprise de conseil spécialisée dans le domaine de l’aérospatial), les fonds d’investissements en capital-risque américains ont investi plus de 8,2 milliards de dollars dans les entreprises privées du secteur entre 2015 et 2020. Cette année 2015 est d’ailleurs considérée comme un réel point de rupture car plus de 1,8 milliard de dollars ont alors été déployés par les investisseurs pour développer cette nouvelle forme de conquête spatiale, soit près de deux fois plus d’investissements que lors des 15 années précédentes combinées, selon la banque Morgan Stanley.

Un secteur public en plein essoufflement.

En effet, le spatial est sujet à de réelles transformations de fond. Lointaine est l’époque de la Guerre Froide où l’exploration de l’espace était exclusivement le fait d’agences gouvernementales (américaines et soviétiques particulièrement). Bien qu’aujourd’hui ces acteurs restent importants dans le secteur, ils sont soumis à d’importantes règlementations et restrictions budgétaires imposées par les États qui amoindrissent peu à peu leurs impacts. 

En 2016, le budget de la NASA constituait 0,50% du budget fédéral américain, par comparaison, ce taux était de 4,4% en 1965 c’est-à-dire au plus fort de l’exploration avec notamment les différentes missions Apollo. 

Cette situation a donc laissé place à des groupes privés menés par des entrepreneurs innovants et charismatiques tels que Elon Musk ou Jeff Bezos, fondateur de Blue Origin qui incarnent le présent et le futur de l’astronautique. 

Ces nouveaux acteurs apportent un regard nouveau et moins conventionnel sur l’industrie et c’est en cela que de nombreux investisseurs sont de nouveau séduits à l’idée d’accompagner les projets. Chad Anderson, directeur de Space Angel Networks, un fonds d’investissement spécialisé dans le développement de start-ups du secteur aérospatial en est convaincu : « La croissance a vraiment démarré au cours des dix ou douze dernières années, tractée à mon sens par SpaceX. En 2009, ils ont réussi leur premier lancement, Virgin Galactic a obtenu sa première levée de fonds significative, et les choses ont commencé à s’accélérer.»

Le fait d’ouvrir l’astronautique au secteur privé a donc permis de le rendre plus accessible et surtout de lui imposer les lois du marché. Il y a désormais une offre et une demande qui se croisent concernant la conquête spatiale et cela permet d’établir un réel prix d’équilibre ce qui n’était pas possible auparavant lorsque seuls les gouvernements avaient la main sur le sujet.

La conquête de l’espace, nouvelle ruée vers l’or ?

Une ruée vers l’or au sens propre. En effet, la possibilité de découvrir de nouveaux gisements d’or, de lithium ou de cobalt attise d’autant plus l’intérêt des entrepreneurs nouveaux dans le secteur même si cela semble encore aujourd’hui difficile à concevoir.

Plus globalement, les nouvelles firmes sont intéressées par le spatial car elles y voient un nouveau terreau fertile de croissance économique. Les perspectives de tourisme spatial pour les ultras-riches sont très lucratives, UBS estime que le potentiel actuel du tourisme spatial s’élève à 4 milliards de dollars. Alors que déjà 600 personnes ont payé leur billet au prix fort pour un voyage en orbite – 250 000 dollars -, Northern Sky Research affirme dans son rapport « Space Tourism and Travel Markets » qu’environ 57 000 passagers s’envoleront dans l’espace d’ici 2031.

Le tourisme spatial n’est donc désormais plus un rêve mais une réalité onéreuse. Ce nouveau marché laisse de réelles perspectives en termes de création d’emplois et de dynamisme économique même si de nombreuses interrogations demeurent notamment quant à la réelle portée scientifique de ces projets ainsi qu’à l’impact écologique de ces derniers.